Ceci n'est pas à proprement parler une série, contrairement aux autres chapitres du site, mais plutôt le corps/coeur de mon travail.

Des images anciennes côtoient celles du mois dernier, les photos de Capri celles prises au coin de la rue… Le fil qui les relie est parfois prémédité, parfois fortuit. Le tout est une tentative de matérialiser un regard, non sur le monde —ce qui serait prétentieux—, plutôt sur des choses du monde.

Pour tout photographe, l'exercice de la sélection est toujours difficile, souvent douloureux. Comment ces quelques images ont-elles survécu parmis des centaines d'autres ? Comment d'autres ont-elles été écartées ? Affranchi par la force du web de contraintes éditoriales ou commerciales, il reste celles avec lesquelles je me sens en résonance. Quand je les regarde, probablement sans pouvoir faire totalement abstraction des circonstances et intentions à la prise de vue, elles renvoient un écho, un blip.

Le titre "silent pictures" (images silencieuses) m'est venu après la lecture du livre de Stephen Shore Uncommon Places (1) où Shore est défini comme un photographe "silencieux" ("quiet" en anglais).

J'ai également joué un temps avec le titre "haiku". Je retrouve dans les principes d'écriture des haiku une démarche similaire: une contrainte imposée de forme, une économie de mots, une volonté de traduire par une apparente objectivité un instant éphémère et paradoxalement intemporel, "prêt à être oublié, à jamais inoubliable" (2).

     
 

1) Stephen Shore, in praise of a "quiet" photographer (éloge d'un photographe silencieux), Gerry Badger, in Uncommon Places 50 Unpublished Photographs, Conrads / Menour 2002.

(2) Maurice Coyaud, Fourmis sans ombre, le Livre du haiku, Phébus 1978.